Peut-on gérer une équipe par le conflit ?

Dans son édition du mercredi 2 mars, le journal l’Équipe comprend un article “Sampaoli, le leader clivant.”

Ce leader, c’est l’entraîneur argentin de l’OM, Olympique de Marseille, Jorge Sampaoli.

On peut lire qu’il surprend par ses méthodes, tantôt chaleureux, tantôt froid et distant. En tant que patron du sportif, il semble ne pas s’embarrasser des états d’âme des uns et des autres. Des indésirables surtout. De ceux sur qui il ne compte ouvertement pas ou plus.

Cette gestion des joueurs sans ménagement crée des difficultés au sein de l’équipe, mais aussi au-delà : le président se bat pour recruter des joueurs que Jorge Sampaoli met dans les pires conditions de confiance.

Un “tu joues, tu joues pas” sans explication.

 

Qu’est ce qui peut alors amener un club, une entreprise, à recruter un manager qui manque cruellement du sens de la communication et de l’harmonie ?

 

L’OM a recruté Jorge Sampaoli en connaissance de cause : bien qu’il ait eu de bons résultats partout où il est passé, l’homme a du caractère et est doté d’un tempérament coléreux.

 

Deux objectifs apparaissent :

 

> Tirer le niveau de l’équipe le plus haut possible

Le leader clivant est toujours en train de pousser les organismes à fond, d’un point de vue physique, mais aussi mental. Il veut obtenir le maximum, tout le temps.

S’il pense que la moindre marge de progression est encore possible, il exigera toujours plus.

Le niveau de l’équipe peut alors se révéler, faire émerger des ressources insoupçonnées.

 

> Provoquer des remises en cause ou susciter des départs

Le leader clivant a du mal à changer d’avis. S’il ne compte plus sur un membre de son équipe, il l’écartera sans ménagement en lui laissant une seule alternative, partir.

Mais si ce membre surmonte les difficultés, s’il montre des capacités mentales et d’adaptation supérieures, la réintégration est possible dans un rôle impensable auparavant.

 

C’est donc la surperformance qui est recherchée. La remise en cause et la provocation sont permanentes.

 

Cela peut-il durer ?

 

Récemment, dans le journal La Provence, le président de l’OM, Pablo Longoria, a clairement indiqué qu’il n’envisagerait pas de se séparer de Jorge Sampaoli dans l’immédiat.

« Quand je construis un projet, je ne le fais pas pour changer d’idée un an plus tard. Ce qu’il faut, c’est donner de la continuité au projet. Pas seulement parce que je suis sûr qu’on va retrouver de la stabilité et faire le jeu qu’on sait faire. Mon intention, c’est donner de la continuité ».

 

La continuité est indispensable pour un projet entrepreneurial.

 

Le long terme d’un club sportif est-il le même que celui d’un projet d’entreprise ?

 

Dans le sport professionnel, trop d’aléas existent d’une saison à l’autre, c’est-à-dire de 12 mois en 12 mois, voire moins.

Projet, continuité, stabilité, sont des mots qui ont du mal à s’accorder avec résultats, opportunités de transferts juteux, gestion de carrière individuelle.

 

À ce stade, l’OM reste en course pour son principal objectif de fin de championnat : une qualification pour la Ligue des Champions.

Le bilan de Jorge Sampaoli sera jugé à l’aune de cet objectif. Les méthodes le seront aussi, indépendamment d’ailleurs du résultat sportif.

 

Bien sûr, le leader ne peut pas être insipide. Il doit inspirer et challenger.

 

Mais, sans bonne communication, sans recherche d’accord, c’est la division qui règne. Et la division fait éclater un groupe à plus ou moins long terme.

Au bout du compte, c’est l’équipe qui tranchera. Le leader, avant l’obligation de résultat, a l’obligation de créer un esprit, l’esprit d’équipe, pas celui de clan.

 

Sans esprit d’équipe, point de salut.

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